Les châteaux pinardiers
Le vignoble du Biterrois renferme plusieurs trésors, dont les fameux « châteaux pinardiers » ! Dans cet article, découvrez l’histoire de leur apparition. Bonne lecture !

Leur histoire
Les châteaux pinardiers, ce ne sont pas des châteaux remplis de bouteilles, mais bien de grandes demeures construites ou transformés sur des domaines viticoles à la fin du XIXᵉ siècle dans la plaine biterroise, entre Béziers et Narbonne. Leur petit surnom vient du mot « pinard », terme populaire pour désigner le vin produit (et bu) en grande quantité à l’époque. Il faut dire que les vignerons d’ici savaient repérer une bonne terre : fertile, plate, idéale pour faire pousser de la vigne à foison.
Tout commence à la fin du Second Empire, quand l’économie viticole du Biterrois prend un bel élan. En 1857, l’ouverture de la ligne de train Bordeaux-Sète change la donne : le vin local peut enfin voyager, et il ne s’en prive pas. Bientôt, les bouteilles de la région s’exportent à travers la France et jusqu’en Europe.
Mais ce n’est pas tout : les vignerons avaient aussi parié sur le cépage aramon (Cépage de production de masse), un choix stratégique quand le phylloxéra, un puceron dévastateur, débarque en France en 1865. Lorsqu’il atteint le Biterrois en 1878, les vignerons sont déjà prêts : ils replantent avec des cépages américains résistants, et les rendements repartent à la hausse. Résultat : le Bas-Languedoc devient l’un des seuls bastions de production, avec plus de quatre millions d’hectolitres au compteur. Les prix s’envolent, le vin devient un produit rare… et très rentable.
Les propriétaires de domaines font alors fortune avec cet or rouge. Forts de leur succès, ils décident de voir les choses en grand. Autour de leurs exploitations, ils construisent de véritables demeures de prestige. Ainsi naissent les fameux châteaux pinardiers, symboles d’une époque où le vin coulait à flots dans les verres comme dans les affaires.
Les châteaux pinardiers maintenant
Ces châteaux construit grâce à l’or rouge avaient pour but d’en mettre plein à la vue. Aujourd’hui, bon nombre de ces bâtisses ont troqué la vie de château pour celle de gîte ou de restaurant. D’autres ont ouvert leurs grilles au public sous forme de jardins ou d’édifices à visiter, mêlant histoire et art de vivre. Heureusement, ce patrimoine longtemps boudé retrouve peu à peu ses lettres de noblesse : depuis les années 1990, leur protection progresse, portée par une prise de conscience collective.
Le château du Terral, à Ouveillan (Aude), a ainsi été classé monument historique en 2005. D’autres, comme les châteaux de Grézan, Libouriac, ou encore La Grange-des-Prés, sont inscrits ou répertoriés dans l’Inventaire général du patrimoine culturel. Le patrimoine pinardier sort enfin de l’ombre !
Et si vous tentiez l’expérience ? Profitez d’un séjour dans l’un de ces châteaux pour découvrir les trésors du Languedoc… et bien sûr, goûter quelques verres de ce bon vieux « pinard », revisité avec élégance !

credit photo : midilibre